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Entretien exclusif avec Michel Seydoux

Michel Seydoux : « Quand les supporters du LOSC vont bien, je vais bien »

Près d’un an et demi après avoir passé le flambeau à Gérard Lopez, Michel Seydoux est enfin un ancien dirigeant apaisé. Aujourd’hui pleinement consacré à son métier de producteur de cinéma, l’ex président du LOSC n’a pas manqué une miette de la fantastique saison des Dogues.


Comment se passe la vie après le football ? Qu’est-ce que ça fait de regarder Lille à la télévision ? Ca y est, je m’y suis habitué. Les six premiers mois, ce n’était pas facile de voir les matchs derrière mon écran. Disons que je suis censé être plus neutre qu’avant, surtout quand je parle foot avec mon frère Jérôme (ndlr : deuxième actionnaire principal de l’OL), mais ce n’est pas gagné (il sourit). Je suis toujours fan du club et de la ville, où je reviens souvent voir mes amis même hors du foot. Aujourd’hui, je suis à 100% consacré au cinéma, j’étais à Cannes il y a une semaine. Mais je ne vous cache pas que je préfère largement les ambiances des stades à celles des festivals...

Crédit photo : MadeInFOOT

Vous disiez l’an dernier avoir beaucoup souffert de la saison ratée du LOSC, jusqu’à vous dire que vous étiez un peu responsable. Aujourd’hui, êtes-vous satisfait du successeur que vous vous êtes choisi ? A mon départ, j’avais une grosse pression, celle de confier le club à une personne fiable. J’ai refusé des offres exotiques parfois très intéressantes. Mais je suis quelqu’un d’instinctif et le jour où j’ai rencontré Gérard Lopez, j’ai tout de suite vu que c’était le bon profil. Le projet a mis un peu de temps… c’est normal, il faut apprendre. Aujourd’hui, il récolte enfin les fruits de son travail et je suis heureux pour lui. D’ailleurs sa collaboration avec Luis Campos, que j’admire beaucoup, est très bénéfique au club.

Gérard Lopez prend la présidence du LOSC en 2017 après 15 années sous la direction de Michel Seydoux. Crédit photo : LOSC

Quelles ont été vos relations avec Gérard Lopez depuis le passage de témoin ? Ce que les gens ignorent, c’est que Gérard et moi avons énormément échangé depuis le début de sa présidence. Sans avoir la prétention de le conseiller, je lui donnais mon avis sur certaines choses, ce que j’aurais fait ou pas à sa place. On s’est beaucoup eus au téléphone, de la période Bielsa jusqu’à cette fin de saison. J’appelais ça mon service après-vente. Après la victoire éclatante à domicile contre le PSG, je lui ai dit que c’était terminé, le SAV était allé à son terme (rires).

Michel Seydoux dit au-revoir au Stade Pierre-Mauroy en compagnie de son successeur, Gérard Lopez. Crédit photo : La Voix du Nord

Après des moments difficiles, revoir de telles scènes de liesse entre le public et les joueurs, c’est quelque chose qui fait plaisir pour un ancien dirigeant ? Moi, je me porte bien quand les supporters du LOSC vont bien. Rien ne peut me ravir plus que de voir ces images de joie collective après les matchs. Cela me rappelle forcément les grands moments que j’ai vécu au club. Les supporters vivent les choses différemment de nous, c’est important de leur permettre de connaître ça. Je suis content car grâce à cette belle saison lilloise, je vais pouvoir passer un été serein.

Michel Seydoux lors de la finale de la Coupe de la Ligue 2016. Crédit photo : Sport24 - Le Figaro

A ce propos, il y a un groupe de supporters à Lille que vous connaissez, qui s’apprête à fêter ses 30 ans cette année, ce sont les Dogues Virage Est. Leur devise est « rebelles mais fidèles »… Que vous évoque ce groupe ? C’est une devise extrêmement juste. Avec le recul, s’il y a une chose que j’aurais faite différemment dans mes quinze ans de présidence, c’est de créer un lien avec les supporters plus tôt. Mon histoire avec les DVE a été un peu tardive, on ne se connaissait pas bien au début. Mais j’ai vite découvert des gens passionnés et toujours fidèles, effectivement. Dans les moments difficiles, je me souviens de leur soutien acharné.

Michel Seydoux se prend en selfie avec les supporters lillois lors de la finale de la Coupe de la Ligue 2016. Crédit photo : Michel Seydoux (Twitter)

Leur histoire avec le LOSC de Gérard Lopez avait pourtant très mal démarré avec cet envahissement de terrain le 1er mars 2018 après le match contre Montpellier. Les DVE en ont longtemps voulu aux dirigeants de s’opposer à eux dans cette affaire qui leur a coûté beaucoup de peines d’interdictions de stade… Très honnêtement, tous les dirigeants auraient fait la même chose, moi le premier. Nous sommes avant tout garants de l’ordre public au stade. J’ai compris leur colère mais je ne peux pas défendre ce qui s’est passé ce soir-là. Je ne suis pas en connaissance du dossier mais Gérard a sûrement fait ce qu’il jugeait le mieux pour le club. Vivre des moments comme celui-ci, cela fait malheureusement partie du métier de dirigeant.

Les supporters lillois envahissent la pelouse après le match nul contre Montpellier. Crédit photo : France 3 Régions

Un autre monument du LOSC a fêté ses 30 ans au club cette saison. Anne-Sophie Roquette, speakerine depuis 1989, a tiré sa révérence après le dernier match à domicile. Elle a vécu la moitié de son temps au club sous votre présidence et vous appelait « Papa Seydoux ». C’est quelqu’un qui compte pour vous ? Non seulement elle compte pour moi, mais c’est une légende du club. Je ne peux que remercier le président de l’époque de l’avoir recrutée en 1989. La première voix féminine dans un stade de foot en France, vous imaginez ? Pour moi c’est carrément une pionnière, et je sais que les supporters l’aiment beaucoup. Je suis certain qu’elle sera toujours la bienvenue chez elle à Pierre Mauroy.

Anne-Sophie Roquette lors de son dernier match avec Lille. Crédit photo : La Voix du Nord

Vous l’avez sûrement suivi, les voisins lensois ont raté de peu leur montée dimanche face à Dijon. Préfériez-vous le retour du derby du Nord ou le maintien de Florent Balmont en Ligue 1 ? Excellente question (il rit)… C’est compliqué. Pour moi, il n’y a que deux vrais derbies en France avec une histoire culturelle, sociologique et sportive : le derby du Rhône et celui du Nord. Le reste, ça ne compte pas. Lille et Lens sont deux clubs avec une grande ferveur populaire et la région a besoin de matchs comme celui-ci. Mais je n’ai pas aimé les sifflets à l’encontre de Florent à Bollaert. C’est un grand monsieur de la Ligue 1 qui mérite une ovation dans tous les stades. Je suis très heureux qu’il puisse être dans l’élite la saison prochaine.

Florent Balmont lors du match de barrages entre Lens et Dijon. Crédit photo : La Voix du Nord

Le LOSC va faire son retour en Ligue des Champions l’an prochain. Vous avez bien connu la Coupe d’Europe en tant que dirigeant, avez-vous hâte de la retrouver en tant que supporter des Dogues ? Je vais vous faire une confidence, je n’ai pas souhaité revenir au stade jusqu’à présent car j’attendais que le projet soit vraiment lancé. Aujourd’hui, je n’ai qu’une seule hâte, c’est de revenir voir le LOSC. Je serai là pour les matchs de Ligue des Champions, vous pouvez en être certain, et je serai le premier à encourager nos Lillois.

Michel Seydoux après le titre de Champion de France 2011. Crédit photo : L'Equipe

Merci à Michel Seydoux d'avoir répondu à nos questions.

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